Ma Campagne... par Garance Landry, invitée de La Grande Jaja
Mon enfance s'est déroulée dans un joli petit village de campagne, comme il n'en existe plus guère. Les habitants y vivaient tranquillement, au rythme des saisons. Les travaux agricoles, l'été, se faisaient parfois dans la précipitation... quand l'orage se profilait, lorsque les foins n'étaient pas tout à fait rentrés.
Toutes les familles s'entraidaient.... et après le labeur, surveillaient nos jeux turbulents de fin de journée. Autour de nous, l'été, la nature vibrait. La petite source, pas encore polluée par les nitrates et les engrais industriels rafraîchissait nos pieds poussiéreux... et désaltérait nos bouches assoiffées par les courses sans fin.
Je souris en repensant à la gamine qui, ne voulant pas se "dégonfler", avait maladroitement tenté de grimper sur les branches, pourtant pas très hautes, d'un arbre bien planté. Quand elle s'y assit enfin, la fierté d'avoir relevé le défi lancé par ses cousins lui donna l'impression naïve... d'avoir conquis l'Himalaya ! Puis elle commit l'erreur de se pencher pour regarder la terre, et fut prise d'un vertige panique qui la tétanisa. Le grand-père, attentif, posa la petite échelle contre le tronc... et récupéra la fillette, vexée par les rires moqueurs des cousins.
J'avais à peine huit ans ! J'en ai 49 aujourd'hui... et je regrette ce temps d'avant-hier, pas si lointain... où certaines valeurs avaient encore un sens. les anciens les transmettaient aux plus jeunes... comme étaient offerts certains bijoux précieux dans les familles nobles... de générations en générations.
On ne passait pas forcément beaucoup de temps chez ses voisins, travail oblige... mais personne n'était laissé pour compte. La solidarité existait. Ceux qui avaient une voiture faisaient les courses, les jours de marché, des vieillards ou des personnes momentanément en difficultés.
Là, j'ai appris le respect dû à l'autre tout autant qu'à moi-même, le sens de l'effort et du travail bien fait, sans précipitation aucune. La vie s'écoulait au rythme des saisons, avec un amour pour cette terre, aujourd'hui si maltraitée... ses colères se font, hélas, de plus en plus violentes et meurtrières...
Sans être une "nostalgique" du passé, je pense qu'il serait grand temps de "rectifier le tir"... en remettant à l'honneur ces valeurs élémentaires. Notre société, abonnée à la vitesse et à l'indifférence des grandes cités, y gagnerait.
Garance Landry, Invitée de La Grande Jaja... Atelier d'écriture 2015